Un champs d'herbes folles et de marguerites, à la compagne, un soir d'été. En cueillant d'un geste bref, détaché, à peine pensé, une simple fleur des champs, nous entrons, sans le savoir, dans l'un des plus grands mystères du monde : là, au coeur de la marguerite, il y a un ordre, un équilibre, une loi de composition dont l'origine très énigmatique nous échappe totalement. Pour saisir ce mystère, il suffit de prendre une marguerite et de compter ses pétales : celle-ci en a 13. Curieusement, sa voisine, elle, en a 21. Quand aux trois autres, un peu plus loin, elles ont chacune 34, 55 et 89 pétales. Or le mystère, à la fois simple et vertigineux, le voici : vous ne trouverez jamais de marguerite dotée de 14, 22 ou 56 pétales. Pourquoi ? Parce que - comme dans toutes les fleurs - le nombre de pétales des marguerites n'est pas distribué au hasard : il obéit à une suite mathématique connue, depuis le Moyen Age, sous le nom de < Suite de Fibonacci* >. Mais quel est le lien entre cette mystèrieuse suite, une simple pomme de pin ou les écailles d'un ananas ? Pourquoi le nombre de pétales d'une fleyr correspond-il, avec la plus grande rigeur, au nombre de la suite ? D'où vient cet ordre ? La question devient encore plus troublante, lorsque l'on sait que cette suite exprime une loi de croissance universelle que les mathématiciens ont nommée < Spirale Logarithmique >. Très étrangement, on la retrouve au coeur même de la nature et de l'Univers, aussi bien dans le dessin des coquillages que dans la distribution des feuilles sur une branche, dans la spiral d'un brin d'ADN ou, à très grande échelle, dans celle des galaxies. Mais ne pourait-on pas aller encore plus loin, et retrouver cette fameuse spirale de nombre à l'origine même de l'Univers? La réponse est peut-être enfouie quelque part avant le Big Bang.

* Ce mathématicien, peut-être le plus grand du Moyen-Age, vivant au XIIe siècle. Il Avais remarqué ceci : en partant du chiffre 1, si vous lui ajoutez le nombre qui précède, vous optiendrez la suite que voici : 1+0 donne 1, 1+1 donne 2, 2+1 donne 3, 3+2 donne 5, etc. La suite s'écrira donc : 0,1,2,3,5,8,13,21,34,55,89, etc.